L’or bleu a-t’il la cote?

L’année 20019 est l’année des records en matière de levées de fonds, certainement pas pour l’eau. Le baromètre EY 2019 en capital risque donne les chiffres suivants: 736 opérations (+8%) annoncées pour un total de 5,07 Md€ (+40%). Meero (205M€) et Doctolib (150M€) mènent la danse. Le secteur des cleantechs est curieusement en stagnation avec 56 opérations pour 345M€. Le secteur ENR est peut-être suffisamment mature pour que l’investissement bascule vers du capital dev.

Le domaine de l’eau est un peu le parent pauvre et ce depuis le début de la décennie passée. A tel point que l’eau n’est qu’une sous catégorie du « secteur » eau, air sol qui se classe dernier des catégories cleantech!  Très peu de pure players ont levé. Voici les 2 opérations que j’ai identifiées, chacune autour de 2M€: Mascara Renewable Water (dessalement solaire) et CityTaps (IoT pour accès à l’eau courant en zones urbaines). Formidable: on atteint presque 1 pour mille du total!

Il me semble que ce n’est pas à la hauteur des enjeux de l’eau, de l’excellence française en la matière et des pépites que nous avons. Ce phénomène dure depuis suffisamment longtemps pour que plus aucun fond de capital risque sur la place n’ait une expertise eau. 

Comment l’expliquer? 

J’identifie 4 raisons majeures:

  • c’est un marché où l’on croit que les leaders, Veolia et Suez ont la mainmise. 
  • C’est un marché hyper réglementé et conservateur. Il en résulte une crainte d’un time to market ou d’une traversé de la vallée de la mort qui n’en finit pas! 
  • Il n’y a pas de belles réussites récentes (c’est en train de changer)
  • il y a un biais « impact » ou « eau potable pour tous » qui draine des financements privés (Danone Communities, Famae) et quelque part escamote le besoin d’innovation technologique pour nos usages particuliers, industriels et à un degré moindre agricoles.

Je fais le pari que cela va changer et rapidement. Mon optimisme s’appuie sur d’une part des grandes tendances et d’autre part ce que je vois arriver comme innovations.

Deux grandes tendances sont en train de bousculer le monde de l’eau: le digital qui prend d’autres formes que les seuls gains d’énergie et de productivité et un besoin croissant de sobriété (préservation de la ressource et du patrimoine, résilience vs le changement climatique).

Les innovations arrivent et commencent à percer, principalement aux USA, aux Pays-Bas, en Israël et chez nous (les chinois ne vont pas tarder). Rien qu’en France, j’ai le sentiment qu’Aquassay est devenue une société reconnue, Bio-UV performe, Adionics a fait partie du top 100 des cleantech monde (GTC100). Je vois des entrepreneurs qui développent des solutions remarquables , pourtant certains peinent à trouver des fonds. Je vois des chercheurs qui ont quelques très belle trouvailles dans leurs labos. 

Il y a de beaux projets autour du traitement, de la donnée et des services. Nous n’avons pas d’or noir? L’or bleu c’est si bien! D’autant plus en période de crise sanitaire.